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31 mars 2009 2 31 /03 /mars /2009 13:14

La Crimée, notre destination première à la recherche du soleil. On la présente comme la Côte d'Azur russe ou ukrainienne. Et comme la Côte d'Azur, elle peut être froide et pluvieuse! Nous arrivons trop tôt pour le soleil et la chaleur.

La Crimée, c'est une presqu'île accrochée au sud de l'Ukraine, en forme de triangle dont le sommet le plus au sud s'appelle Yalta. Le sud est montagneux ; avec un point culminant à 1500 mètres, les montagnes plongent vers la mer. Le nord, et surtout le nord ouest est plat ; là s'étendent d'immenses champs de céréales et des vignes.

Au fur et à mesure que nous allons vers le sud, les champs apparaissent verts, déjà recouverts de jeunes pousses, et nous découvrons les arbres fruitiers en fleurs ; d'abord un, unique et ravissant, puis, quelques kilomètres plus loin, deux, tout seuls eux aussi, puis de plus en plus, petites taches de lumière blanches et roses sous un ciel toujours maussade.


Quelques flocons nous accueillent à Sévastopol, vite remplacés par une pluie assistée d'un vent glacé. La visite de la ville sera sommaire et nous préférons retrouver vite la chaleur de notre fourgon. On se dit pourtant que la ville doit être jolie quand tout est vert et ...qu'il fait chaud!


 



Puis c'est....

Yalta...


D'après le guide « Petit Futé », Yalta est une réplique de Saint-Tropez, plage polluée, foule, prix qui flambent. Bref, nous avions déjà décidé de ne pas nous y attarder...

Plus petite qu'Odessa (un demi million d'habitants), Yalta, avec ses 100000 habitants hors saison, voit sa population monter à un million en été!




On parlait de yatchs à Yalta??????? On ne voit que quelques bateaux qui ne ressemblent guère à des  yatchs, sur la digue; aucun dans l'eau.




En fait, Yalta est une petite merveille. Une longue promenade en bord de mer, qui s'appelle bien « Promenade », ressemble à la promenade des anglais à Nice (en moins long!). Là déambulent habitants et rares touristes dans le calme propre aux zones piétonnes, hors des saisons touristiques.



 

Le marché de Yalta est, comme partout en Ukraine, superbe et très propre. Surtout le quartier de la boucherie en plein air. Dans les camions , les porcs arrivent entiers, et sont détaillés sur place au fur et à mesure de la vente (c'est à dire continuellement!).








Nous sommes allés visiter le palais de Livadia, construit de1911 à1913 par Nicolas II. Moments d'intense émotion...




Le rez-de chaussée retrace la Conférence de Yalta entre Roosevelt, Staline et Churchill. La grande et superbe salle de conférence,



 le bureau de Roosevelt, sa chambre à coucher, et la salle de billard où ont été signés les accords.

 



L'émotion est plus forte encore au premier étage. Là c'est toute la vie de Nicolas II et de sa famille que l'on entrevoit. Photos de famille, photos officielles, le tsar en promenade avec ses filles, à la chasse, avec son épouse.... Les pièces  sont  beauté et sobriété tout à la fois; pas de clinquant, pas de dorures, seulement du très beau, des couleurs chaudes, du confortable.  Chaque pièce est dans un style différent, français, italien, patio arabe,....



  Il y a beaucoup de bois, sombre ou clair, murs, plafonds à caissons ou décorés de sculptures en stuc. Et partout, mêlés aux toiles ou tapis, des photos illustrant la vie de la famille à cet endroit.

 

 

Le plus émouvant pour moi fut le cabinet de travail de Nicolas II, pièce magnifique, grande, haute où trônait un superbe bureau de bois sculpté. Sur le bureau, des  écrits et télégrammes de la main de Nicolas II, écriture penchée et régulière. Je l'imaginais là, prenant connaissance de l'évolution de la guerre de 14-18, puis de la Révolution de 1917...




La salle de musique avec son blanc piano à queue, son magnifique gramophone, une étagère avec quelques disques et partitions, et de confortables  fauteuils et canapés; la salle d'étude des enfants, avec les tables sur lesquelles se trouvaient des écrits des enfants...

 

Sur toutes ces photos, les visages ont une gravité extraordinaire, les enfants comme les adultes, pas de sourires, pas de joie. On sent pourtant beaucoup d'amour entre les membres de la famille, le tsarévitch est souvent blotti contre sa mère, le tsar est protecteur. On les dirait enveloppés par leur tragique destin, comme s'ils savaient....

Nous avons la chance exceptionnelle de ne pas parler russe (ou si peu!) et donc d'échapper aux visites guidées. Cela nous a permis de flâner à notre rythme dans des pièces vides et silencieuses, et de ressentir toute l'émotion qui se dégagent de ces lieux si chargés de souvenirs. Marcher sur les pas de Roosevelt, Churchill, Staline, et surtout errer dans les couloirs où le tsar a marché, le Tsarévitch couru et ri, seuls avec leurs ombres, c'était fantastique.


Vous l'avez compris, la vie de Nicolas II m'a toujours passionnée, et cela depuis l'adolescence. Ma première passion étant quand même Nicolas Ier, notre fils!! qui la partage avec son frère Antoine, bien entendu....



 

Il a fallu redescendre sur terre et revenir en ville! Nous y avons croisé la statue de Gorki, et celle de Tchekov,



 qui avaient séjourné  et même vécu dans cette ville. En fait, je ne suis pas encore tout à fait  revenue vers notre présent....!

 

Le dimanche sur la promenade, vers le milieu de l'après-midi, devant la statue de Lénine, on voit une animation inhabituelle ; on range des bancs, on les aligne; des personnes y prennent place et alors commence un spectacle étrange. Un homme, en habit de marin, branche sa sono et chante. Il a une très belle voix. Et les personnes, âgées pour la plupart, se lèvent des bancs et dansent. La musique est variée; ce sont de jolies romances russes, des tangos, des valses ; parfois, le groupe Abba prend la relève. Les hauts-parleurs grincent mais cela n'a pas d'importance.



 Les personnes dansent au rythme de la musique, oscillant d'un pied sur l'autre pour les plus âgés, s'élançant dans des valses tourbillonnantes pour les plus alertes ; tous ont le sourire aux lèvres et les yeux remplis de nostalgie. Ils sont habillés de fourrure ou de costumes élimés, elles sont vêtues de robes de gitanes ou de gros manteaux d'hiver. L'escarcelle du chanteur se remplit de billets que tous déposent, reconnaissants de ce moment de bonheur.



 

Un cercle les entoure, ils ne le voient pas, ils sont là pour eux, pas pour les autres, et chacun respecte cela, pas de sourire, seulement une sorte de fascination. Il fait froid, mais nous restons là car c'est si beau, même si on ne sait pas vraiment pourquoi. Et samedi prochain, et les autres encore, ils reviendront  chercher leur moment de bonheur nostalgique.

 

Nous serons déjà loin alors. Nous longeons la côte de la Crimée vers l'est, toujours l'est pour rejoindre Kerch où nous prenons le ferry pour la Russie.



 

La côte est superbe, enveloppée d'un brume légère; le ciel est bleu, le soleil nous réchauffe enfin. Nous avons quitté la grande et belle route des lieux touristiques pour zigzaguer sur une petite route de montagne. Le paysage est joli, les villages charmants bien que progressivement bétonnés. La Crimée est vraiment une belle région! Mais il est préférable de la voir un peu plus tard, quand les feuilles sont sur les arbres et que le soleil est un peu plus chaud!



 

 

Nous quittons la Crimée et nous apprêtons à prendre le ferry. Les formalités douanières ukrainiennes se passent bien avec des douaniers et policiers souriants et parlant un peu anglais. Chez moi, l'angoisse monte : que va-t-il en être pour la frontière russe, de l'autre côté de la mer d'Azov....Klaus me rassure « cela va aller, nous n'en sommes pas à notre première frontière », mais je crois qu'il n'est pas convaincu....
 

 

On m'a demandé ce qu'il en était pour moi de parler russe ; je parle assez facilement, malheureusement, les mots me manquent vite et je dois souvent terminer par des gestes, pas toujours explicites d'ailleurs. Comprendre est encore un autre problème! Quand il n'y a que quelques mots, cela va assez bien; mais si mon interlocuteur se lance dans une, voir plusieurs grandes phrases, alors là, j'en reste au premier mot..... Mais dans l'ensemble, je trouve que le début n'est pas mal et comme je continue à apprendre, je pense que je pourrai avoir dans quelques semaines des conversations un peu plus suivies! A suivre....


 





 

 

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27 mars 2009 5 27 /03 /mars /2009 14:24
 

ODESSA.....


Ici se rejoignent les Bee Gees des années 70 et Ferrat. Odessa...un nom mythique pour moi, une ville lointaine et mystérieuse.
Nous y voilà donc et une grande émotion m'étreint...vite rattrapée par la grande ville, et les exigences de copilote.




Au premier abord, Odessa nous déçoit. C'est une ville neuve, sans centre historique. Mais peu à peu, la ville nous séduit, malgré le froid mordant, par la tranquillité de ses rues, une circulation routière sans stress.




Nous découvrons le Boulevard Maritime, promenade qui domine le bord de mer où déambulent des passants emmitouflés, le fameux escalier Potemkine, ainsi nommé en souvenir de l'histoire du cuirassé du même nom dans la port d'Odessa.





Le marché qui couvre un quartier de la ville est un spectacle fantastique! Tout est soigneusement organisé : au-dehors, c'est un peu les bazars où légumes, fruits, poissons séchés, téléphones portables se côtoient . Mais au- dedans, différentes halles abritent chacune une spécialité.




Tout d'abord  la boucherie suivie par les fruits et légumes, puis les épices, herbes, condiments, cornichons, champignons et autres légumes au vinaigre.



 Changeant de bâtiment, nous découvrons les poissons ;



 en premier toutes les petites fritures et anchois (que l'on peut goûter, crus bien sûr!), puis des poissons de plus en plus gros. Les crevettes ont un petit coin pour elles. Les poissons séchés sont suspendus devant les étals, et les poissons fumés, entiers ou en filets, représentent de nombreuses espèces.




Arrive en fin la halle des laitages ; de part et d'autre, des « magasins » comme sur nos marchés et au milieu une très longue table où des montagnes de fromage blanc s'alignent devant chaque vendeuse. Bien sûr là aussi, chacun peut goûter en prenant un petit peu entre ses doigts...

Et, dans tout ce marché, règne le calme, personne ne crie, même si la foule s'y bouscule continuellement.


La plage, le week-end, est très fréquentée. Nous résumerons par : « Peu de soleil, beaucoup de bière! »

Toutes les couches de la société, tous les âges aussi, s'y promènent tranquillement. Tous aussi habillés très chaudement. Les enfants jouent dans le sable en anoraks fourrés, bottes et surtout capuchons bien fermés!






Le vent froid souffle continuellement, le soleil joue à cache-cache, mais la bière coule à flots. Chacun se promène la bouteille à la main et nombre de bouteilles jonchent les sable. Mais là non plus, pas de cris, du calme, du calme seulement.... Reposant!


Mais Odessa, c'est aussi la misère. De nombreuses babouchkas (grand-mères) mendient, fouillent les poubelles à la recherche de trésors, bouteilles à déconsigner, morceaux de cartons ou de plastique, .... A la sortie des églises, elles s'alignent en tendant leur gobelet, emmitouflées de vieilles frusques. C'est poignant et on sait que ce ne sont pas les quelques sous qu'on peut leur donner qui changera le cours de leur triste vie.

Et puis l'Ukraine, surtout dans les grandes villes, ce sont aussi les chiens . Ils se regroupent en bandes, qui ne sont pas des bandes de voyous mais plutôt des bandes de copains prêts à faire les 100 coups. Ils sont appréciés de la population qui les appellent et les caressent à l'occasion. Ils ne sont nullement agressifs mais plutôt calins... En plein centre à Odessa deux se sont courus après en traversant la route. Il y a eu un grand "Boum!" et les deux chiens sont partis en courant dans des directions différentes "Aïe! aïe! aïe!!"

Les passants compatissants se sont retournés vers les pauvres chiens, mais pas un regard de leur part vers le chauffeur de la voiture qui regardait d'un air désolé les dégâts de son véhicule!

Chaque jour, un peu plus de progrès pour parler russe. L'espoir règne...

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23 mars 2009 1 23 /03 /mars /2009 09:18
 





Nous voilà enfin partis



Après une journée passée en Allgaü (Bavière) dans la famille de Klaus, nous avons pris réellement le départ.

Tout d'abord, nous avons rejoint le Danube dans la Bayerische Wald, et nous avons longé le fleuve jusqu'à Wien (Vienne), puis Bratislava, en Slovaquie.

Nous fûmes impressionnés par la largeur du Danube, en crue, grand fleuve brunâtre qui s'écoulait tranquillement.

D'immenses péniches y naviguent, poussant parfois une, voir deux barges.




Alors que nous roulions vers la Mongolie, la Mongolie est venue à nous en Autriche sous la forme d'un de ces bateaux, battant pavillon ukrainien, et qui s'appelait.... 


Les couleurs de la Slovaquie se sont déclinées dans des tons gris et brun; brun des arbres, brun clair de l'herbe, gris des maisons, gris des nuages chargés de la pluie qui se déversait de temps à autre. Les prés, comme en Autriche, fréquemment inondés, témoignaient des pluies abondantes des derniers temps.


Quittant l'Europe, nous avons trouvé dés la frontière ukrainienne un autre monde, du fait de l'habillement déjà, toques de fourrure et grands manteaux, de l'écriture cyrillique ensuite, et enfin le style des maisons aux toits de tuiles colorées en bleu, en vert, en jaune ou en rouge, mettant dans les villes des taches de couleurs que nous n'avions plus vues dans la campagne slovaque.





Nous dirigeant vers Lviv, nous avons traversé la partie ouest des Carpates, passé à 800 mètres d'altitude un col au milieu de sommets enneigés. Cela aurait pu être très joli si le temps n'avait été si gris et si pluvieux. Dès le col passé, nous avons découvert de mignonnes maisons de bois colorées se regroupant en petits villages. Mais la nuit tombait et la nécessité de trouver vite un endroit pour la nuit ne nous a pas permis de nous attarder dans les montagnes; il faut dire que le temps ne s'y prêtait guère non plus....


Lviv fut notre première halte touristique. Grande ville d'Ukraine pleine de charme avec ses magnifiques maisons anciennes décorées de sculptures, ses églises catholiques ou orthodoxes aux toits à coupoles dorées ou argentées. Nous sommes frappés par la vie et la chaleur qui se dégagent des églises, si désertées chez nous, par la piété des ukrainiens aussi, et nous ne pouvons qu'imaginer à quel point l'interdiction du culte pendant la période soviétique a dû leur être difficile à vivre.







Faisant route vers Odessa, notre troisième journée ukrainienne commencera sous de bonnes chutes de neige, et toute la journée alterneront neige, pluie, grêle et parfois, heureusement, quelques rayons de soleil!


Le paysage change au fur et à mesure que nous nous rapprochons de la Mer Noire; le relief est plus bas et de grands champs s'étendent à perte de vue. Parfois, on croit voir de grands lacs, mais ce n'est que la terre qui fume sous le soleil. La boue et les flaques d'eau à côté de la route se font plus rares, moins profondes. La route elle-même présente moins d'ornières et de trous dans le goudron, conséquence du gel. Partout des chantiers travaillent à boucher les trous, mais quel travail en perspective!




On a souvent lu dans les guides que les ukrainiens conduisaient mal. Nous n'en sommes pas convaincus et avons souvent remarqué que les camions venant en face n'hésitent pas à rouler très à droite quand ils voient de gros trous devant notre véhicule, nous permettant d'empiéter sur la voie de gauche. On est loin de la conduite individualiste de chez nous.




Les gens sont toujours autant emmitouflés vu que la température reste aux alentours de 0° et que très souvent souffle un vent froid. Les voitures sont pour la plupart recouvertes de boue et tout est toujours gris, la route, les arbres sans feuilles, la boue, même les vêtements des ukrainiens n'ont aucune couleur en hiver. Ce sont d'ailleurs des gens peu souriants, bien que très gentils.


J'ai encore beaucoup de problèmes à parler russe, pour ce qui est de comprendre c'est pire encore! mais chaque jour cela s'améliore. Je garde bon espoir d'arriver un jour à de véritables échanges....




 



 

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