Pour en savoir plus sur la Mongolie Presentation de la Mongolie
Infos pratiques : la Mongolie
Almaty et Semei sont au Kazakhstan
Barnaul et Novosibirsk sont en Russie (Sibérie)
Wulumugi est en Chine
OLGI
Notre première étape mongole nous a reservée quelques surprises. D'abord au niveau de la ville. Nous sommes ici dans une capitale d'Aimag (région). Pourtant la ville est assez petite et ce qui semble étrange, ce sont les murs complètement fermés qui donnent sur la rue. En fait, le froid l'hiver, la chaleur l'été, et les vents de sable, font que les maisons n'ont quasiment pas d'ouverture. Entrant dans un bar, nous passons un sas, puis pénètrons dans un coquet petit restaurant. L'extérieur ne permettait pas d'imaginer l'intérieur. Et il en est sans doute ainsi dans toute la ville. Petite ville dont on a vite fait le tour d'ailleurs. Le froid est mordant, le vent remue sable et poussière. Les yeux pleurent, la poussière s'infiltre partout.
Nous avons compris pourquoi les mongols avaient les yeux si bridés : d'une part du fait de la lumière très vive du soleil, d'autre part, le sable dans les yeux. Nous ne savons pas encore combien de temps il faut pour devenir mutant...peut-être qu'au retour, nos yeux se seront aussi quelque peu allongés...
Mais il ne faut pas désespérer car le vent cesse soudain, le soleil fait son apparition et la tempréature s'élève. Elle continuera de s'élever les jours suivants pour atteindre les 33°.
Nous nous dirigeons vers Hovd. Le paysage est superbe.
Nous longeons l'Altai à l'ouest, qui forme la frontière avec la Chine, ponctuée de sommets de 4000 mètres et plus. Nous passons un col à 2600 mètres. La piste ne nous permet pas d'excès de vitesse, mais nous avons le plaisir de retrouver les pistes, la recherche du chemin en l'absence de tout panneau (ou ils sont si rares !), franchir des gués, pas encore très profonds.
Les gers sont partout, au bord du moindre cours d'eau, et les flancs des montagnes sont parsemés de nombreux troupeaux de moutons, chèvres, vaches, chevaux et quelques yacks. Ce pays est désert mais semble partout habité, car un petit point blanc est toujours là pour signaler une présence humaine.
Les terres vierges sont loin de la Mongolie : ici, chaque ger est équipée de panneaux solaires et antenne satellite....La plupart du temps, un 4X4 ou un camion ou une ou deux motos stationnent devant la ger
Et puis parfois, nous roulons des heures, il n'y a plus d'eau, il n'y a plus de troupeau, plus de ger, plus de présence. Nous sommes absolument seuls et nous sommes bien.
NB Une ger ou une yourte, c'est pareil ! Yourte est le nom soviétique....
Hovd
Deuxième ville mongole sur notre trajet. Triste. Les gers sont comme enfermées dans des clôtures de bois, par deux, par trois ou seule. Parfois, une construction de bois les accompagne. Nous avons l'étrange impression, dans ce pays aux vastes espaces, d'une soudaine promiscuité, d'un enfermement qui ne colle pas avec la vie nomade symbolisée par les gers. En fait ces clôtures sont là pour se protéger du vent violent et fréquent dans ce pays.
Les habitants se dirigent vers les points d'eau, où l'eau est vendue, avec leurs chariots chargés de bidons, en voiture ou encore à pied. Une aubaine pour nous cependant, nous n'aurons pas de problèmes pour trouver de l'eau.
Et puis nous longeons la rivière pour trouver cet endroit idyllique tant convoité. Entre quelques gers, au milieu des troupeaux, nous « dressons notre camp » au bord de la rivière. C'est samedi et beaucoup de « citadins » viennent au bord de l'eau se reposer ou se baigner. En fait, l'eau est étonnamment tiède et ce sera avec un plaisir immense que je pourrai me lancer dans ma première grande lessive du voyage, trois mois après le départ!!!! Un vent chaud sèche le linge sitôt étendu, le ruisseau rince facilement le savon, ce qui n'est pas le cas quand on ne dispose que d'une petite bassine. Vous qui, sans refléchir, remplissez vos lave-linges pour les vider deux heures après et récupérer un linge impeccable, ayez la prochaine fois une toute petite pensée pour nous.....
Klaus, qui n'a pas encore complètement récupèré, en profite pour se reposer, dormir, ou faire quelques petits amènagements en hauteur sur le toit du fourgon.
De Hovd nous nous dirigeons vers Altay; 450 km de piste avec beaucoup de tôle ondulée, au milieu d'une large vallée très sèche, du caillou seulement ; de part et d'autre, les montagnes parfois enneigées sont notre seul point de réjouissance. Deux jours et demi sont nécessaires pour ce pénible trajet ; nous décidons de changer notre itinéraire et de remonter, après Altay, vers le nord et les montagnes verdoyantes.
Tourbillon de chaleur dans le désert
En route, nous rencontrons peu de vie sinon quelques vestiges anciens.
Quelques gers au loin au bord d'un lac ou d'une petite rivière, quelques camions, minibus ou 4X4 qui roulent jours et nuits pour couvrir ces longues distances. Ces véhicules sont surchargés et font des voyages qui peuvent durer 50 heures, les gens entassés les uns sur les autres, dans la chaleur et la poussière. Lorsqu'ils font un arrêt, nous sommes stupéfaits de voir tout le monde que l'on peut faire entrer dans ces petits véhicules!!!! Une fois de plus, notre fourgon nous semble un 4 étoiles, même s'il est un peu plus lent....
Altay
Nous entrons dans une jolie petite ville; une ville qui ressemble à toute ville avec une place centrale, un temple boudhiste, des gers et des maisons de bois, toujours encadrées de palissades, mais bien arrangées.
Il y a des magasins aussi et un marché. Difficile de trouver des légumes. En fait, le vent souffle fréquemment et soulève des tourbillons de poussière; alors, le marché est à l'abri ; à l'intérieur de murs, ce sont des petites maisons borgnes avec une toute petite porte. On y entre pour y découvrir des pièces de rechanges de voiture ou motos, des chaussures, du bric a brac et quelquefois....des légumes! Quel bonheur de faire le plein de légumes frais, tomates, concombres, poivrons, même si cela est un luxe pour la population locale (1,50 €/kg). Nous savons que nous partons pour plusieurs jours avant la prochaine ville.
Nous nous dirigeons vers le nord, Uliastay. Progressivement, le paysage devient moins sec et un peu, un tout petit peu d'herbe tapisse le sol par endroit.
Dédicace à Gérard et Pierre-Yves :
Arrêtés à un col pour faire des photos, nous les avons entendus venir. Locaux? Non, le bruit de moteur n'est pas celui des motos locales. Ils semblent peiner ; je les attends, caméra à la main, puis apparaît le premier, un peu difforme avec son chargement; puis un deuxième, puis un troisième. Lentement, ils 'arrêtent l'un après l'autre et calent bien leur lourde moto.
Trois allemands avec une BMW 1150, une Transalp et une autre 650, Yamaha je crois. Ils ont fait demi-tour car ils ont rencontré du sable impossible à franchir, d'autant plus qu'ils ignoraient sur quelle distance le sable continuait. Ils nous ont regardé avec un rien d'envie quand ils nous ont demandé nos dates de départ et de retour. Partis il y a deux semaines et demi d'Allemagne, ils ont 6 semaines au total pour faire le voyage. Ils n'avaient pas le temps de s'arrêter plus et nous les avons vus repartir très lentement, épuisés, le moral bien bas d'avoir perdu une précieuse journée.
Nous avons continué notre route, nous n'avons pas rencontré de sable, et nous pensons qu'ils ont fait demi-tour juste avant que la piste ne devienne très bonne, quelques 50 km plus loin du point de notre rencontre...à chacun son destin.
Nous nous arrêtons à un autre col pour passer la nuit, et nous grimpons sur un sommet voisin pour admirer le coucher de soleil.
Par-ci, par-là, une ger ou deux ; le bétail rentre à la « maison », le soleil se couche et tout le monde dort. Entre minuit et deux heures du matin, plusieurs véhicules circulent sur cette route où ne rencontrons pratiquement personne de jour. Ce sera le cas presque à chaque arrêt en pleine nature!
Le lendemain, surprise! Un pneu est crevé. Klaus décide de le réparer tout de suite. Il ne sera pas seul longtemps pour faire le travail.
Très vite un cavalier arrive au galop, met pied à terre ; tenant toujours son cheval par les rênes, il aide Klaus comme il peut , et regarde beaucoup. D'autres viendront le rejoindre puis repartiront.
Je photographie et filme la scène qui est quelque peu cocasse! Le cavalier devance les gestes de Klaus, connaissant parfaitement la procédure de réparation ; pourtant, je ne crois pas qu'il ait eu souvent à mettre une rustine à son cheval.....
Ces rencontres sont très amicales. On ne parle que par gestes puisque le mongol nous est tout aussi inconnu que pour eux l'anglais ou même le russe, mais il y a quelque chose de simple, de sain, de franc qui passe. Pour deux d'entre eux, Klaus a tiré la photo sur papier. Le bonheur dans leurs yeux était leur remerciement, puis le jeune a dit doucement « Spassiba », comme un merci en plus. A notre départ, tous les cavaliers étaient remontés sur leur cheval et nous faisaient de grands signes d'adieu.
Uliastay
Les villes changent au fur et à mesure que nous nous rapprochons du centre de la Mongolie.
Il y a toujours ces alignements de palissades en bois où sont parquées gers et cabanes en bois, mais cela semble plus léger. En fait, ces parcs doivent être surtout destinés à l'hiver quand le froid interdit tout paturâge et que les nomades deviennent sédentaires le temps d'un hiver.
Le paysage a changé. Le temps aussi. De lourds nuages noirs déversent parfois leur lot de pluie. Tout est vert, les troupeaux immenses paissent sur les côteaux.
Les forêts font aussi leur apparition. Essentiellement des mélèzes qui couvrent le flanc nord des montagnes, mais vers les sommets seulement, ajoutant une note d'un vert nouveau au paysage.
Les yaks sont très présents aussi, par troupeau de plus de cent souvent.
Nous arrivons après le temps des naissances et c'est merveilleux. De jeunes poulains, mal équilibrés sur leurs pattes, se tiennent à l'ombre de leur mère;
les agneaux et cabris, petites boules de laine grises, blanches ou noires, courent en tous sens;
mais ce sont les jeunes yaks qui ont notre préférence! Les tous petits restent avec leur mère alors que les plus grands se regroupent en bandes d'ados espiègles. Ils n'ont pas encore de longs poils, sans doute parce qu'ils sont nés après l'hiver, mais une douce fourrure frisée dans laquelle on aimerait passer la main. Ils restent sur la route, bravaches, à nous regarder arriver, puis se sauvent au dernier moment en cabriolant. Les yaks ont d'ailleurs une amusante manière de lancer vers le haut leurs pattes arrière losqu'ils démarrent un spring!
Les fleurs sont aussi au rendez-vous, principalement des tapis d'iris sauvages violets ou jaunes. Les genêts commencent aussi à fleurir mais dans les endroits plus secs.
Tosontsengel
Cette ville vit pratiquement du commerce et du travail du bois car la région est très boisée.
C'est aussi une ville que l'on croirait sortie du far-west. Les hommes viennent faire leurs courses à cheval et garent leur « véhicule » à coté des voitures, des motos. Ils cheminent lentement dans les rues et on ne serait qu'à peine surpris de trouver John Wayne parmi eux....
Quittant la ville vers Tsetserleg, nous circulons sur une piste guère entretenue et supposons rapidement qu'une nouvelle piste doit exister et que nous sommes sur l'ancienne.
Nous continuons néanmoins et traversons de magnifiques vallées, peuplées d'immenses troupeaux, quelques gers çà et là dont les habitants nous regardent passer tels des extra-terrestes
La piste est acrobatique par endroits. Notre brave fourgon conduit d'une main experte par Klaus viendra à bout de tous les obstacles. Et nous rejoindrons bien plus loin la nouvelle piste.....
La température a chuté et frôle de nouveau les 0°; nous arriverons à peine à 6° au cours de la journée. Toujours un vent glacial accompagne ces baisses de températures. Nous voulions nous arrêter quelques jours auprès d'un magnifique et immense lac, mais le froid et le vent ne nous permettant guère de sortir du fourgon, nous préférons continuer tout de suite notre route.
Nous sommes finalement arrivés à Tsetseleg où nous avons eu la joie, en entrant dans la ville, d'avoir un appel d'Antoine sur notre portable. Enfin il arrivait à nous joindre!
Nous avons pris dans certains pays une carte sim. Mais pour la Mongolie, nous avions rencontré un probleme de taille : la personne nous ayant vendu la carte ne parlait ni anglais, ni russe, et était de plus submergée de clients. Les explications étaient rares et le numéro de téléphone donné....faux. Mes SMS n'arrivaient pas à destination, et pour comble de bonheur, le téléphone ne passe que dans les villes où nous sommes rarement; ajoutons à cela un décalage horaire de 6 heures qui limitent encore les zones d'appel....
Le lendemain, à Tsetserleg, plus de nuages ; un magnifique soleil et l'absence de vent baigne la ville d'une douce température sous un ciel bleu merveilleux.
La Mongolie est le pays du changement, un jour froid, un jour chaud ; une vallée très sèche d'un côté d'un col et la verdure de l'autre côté.
Rien n'est jamais acquis....